Les mobiles ont bouleversé deux fois notre mode de vie : en nous mettant en contact, partout, tout le temps. Puis en nous mettant en réseau, via Internet désormais directement disponible.

Et ce n’est que le début, avec l’apparition d’objets connectés et d’applications qui remplissent le moindre de nos besoins. Se posent alors deux problématiques : comment en faciliter l’utilisation grâce à une meilleure ergonomie et dans un écosystème ouvert ?

Des applications et des supports toujours plus variés

Internet est de plus en plus mobile : toutes les études tendent à faire des smartphones et tablettes notre moyen privilégié pour naviguer en ligne, via un nombre croissant d’applications.

En plus de celles qui sont pré-installées sur notre mobile en fonction du système d’exploitation ou de la marque, nous avons tous au moins une fois téléchargé une application à partir d’un store. Des millions y sont en concurrence pour remplir le moindre de nos besoins : des réseaux sociaux et messageries mobiles, au divertissement, en passant par les utilitaires, les applications des médias ou des services comme Facebook, WhatsApp, YouTube, SIOU ou Uber.

« Chaque jour ce sont plusieurs centaines de millions d’applications qui sont téléchargées et le secteur connaît une croissance exponentielle » explique Jean-Christophe Martin, fondateur de SIOU, une nouvelle solution de gestion d’applications mobiles.

Applications mobiles, les chiffres

En sept ans, on est passé de quelques milliers à plus de 2 millions d’applications disponibles au téléchargement. De quoi mettre une sacrée pagaille sur nos mobiles et sur les stores.

« Nous disposons en moyenne d’une centaine d’applications par mobile. On vous laisse imaginer la situation quand ce chiffre va doubler sur des écrans dont la taille approche généralement les 5 ou 6 pouces (entre 12 et 15cm environ, ndlr), et qui vont encore se réduire avec l’essor des smartwatches« , résume le fondateur de SIOU, qui décrit une problématique touchant deux milliards d’utilisateurs mobiles dans le monde, en attendant ceux des marchés émergents.

Et ce n’est pas tout : après les smartphones et les tablettes tactiles, les objets connectés devraient aussi se démocratiser, malgré les échecs relatifs de l’Apple Watch et des Google Glass.

« L’arrivée de nouveaux supports comme les smart TV ou les smartwatches (les montres connectées, ndlr) ne va faire que renforcer le développement de nouveaux besoins spécifiques à ces « devices » (un mot générique qu’on utilise pour désigner un petit peu tout ce qui a un écran et qui permet de se connecter à Internet, ndlr) et donc de nouvelles applications pour y répondre. »

Comment faire alors pour s’y retrouver dans des stores et des mobiles surchargés ? Pour s’adapter à des ergonomies qui évoluent en fonction des supports mais aussi en fonction des environnements cloisonnés par les constructeurs et les systèmes d’exploitation concurrents ?

AppleWatch_Chris-Håvard Berge_Flickr_CC
Une AppleWatch. Crédit : Chris-Håvard Berge, Flickr, CC

Peu d’innovation en matière de gestion d’applications mobiles

Un constat à la base de la réflexion de SIOU, qui veut rendre l’utilisation d’applications mobiles sur smartphone et tablette elle aussi plus intelligente.

« Simplifier l’usage et la recherche quotidienne de nos applications, améliorer et personnaliser l’expérience des utilisateurs tout en préservant leur environnement original et celui du constructeur« , c’est le leitmotiv de SIOU qui propose une solution automatique pour organiser nos applications mobiles sur un dashboard (un écran d’accueil, ndlr), tant sur les téléphones et tablettes iOS que sur Android ou Cyanogen.

« On essaye de répondre à une problématique mondiale à laquelle sont confrontés la plupart des acteurs majeurs du secteur » confie Jean-Christophe Martin. « Aucun n’est en mesure de fournir par défaut une solution pratique nous permettant d’organiser librement et instantanément nos applications. On peut toujours télécharger un « smartlauncher », mais il faut installer un nouvel environnement sur un système déjà en place au détriment de l’interface, de la mémoire et de la batterie du mobile. »

SIOU s’attaque également à la navigation sur les stores pour faciliter la découverte de nouvelles applications : l’accès à ces dernières peut se faire depuis le dashboard, sans avoir à ouvrir le store et remplir des critères de recherche.

Si vous voulez vous faire une idée :

« On fait face à l’absence d’innovations dans ce domaine de la part des constructeurs. Il n’y a rien d’automatique, vous êtes toujours obligés de faire à la main tout ce qui touche à votre consommation d’application, de la recherche sur le store à l’organisation sur votre dashboard (votre écran d’accueil, ndlr). C’est un peu archaïque comme façon de procéder, surtout si vous répétez ces taches à chaque nouveau téléchargement et pire, à chaque changement de téléphone ! »

Imaginez maintenant faire ça sur le minuscule écran d’une montre ou pire, en utilisant vos yeux à la place de vos doigts et vous comprenez le défi que représente l’émergence de l’IoT (Internet of Things, courant dans lequel s’inscrivent les objets connectés, ndlr) pour l’expérience utilisateur.

Introduire plus d’automatisme semble donc une bonne piste. Inspiré des choix déjà réalisés par SIOU, on peut ainsi imaginer une solution qui analyse votre usage mobile et vous suggère de télécharger les applications qui correspondent le plus à vos besoins. Puis d’organiser et de retrouver ces applications indifféremment sur votre smartphone, smartwatch, smartTV, etc.

C’est ici qu’apparaît notre deuxième problématique : donner plus de liberté aux utilisateurs en améliorant l’ergonomie est une chose, mais comment faire si l’utilisateur est prisonnier d’un même environnement ?

Des utilisateurs contraints par les environnements trop fermés

On connaît la musique : tout vous encourage à rester fidèle à un environnement unique. C’est plus simple quand on a un Mac d’avoir un iPhone, une AppleWatch ou une AppleTV, qui peuvent interagir entre eux.

Quitte à ce que les constructeurs en profitent. En effet, ces derniers sont toujours à la recherche de nouvelles fonctionnalités, mais ne peuvent pas tout développer en interne, d’où le dynamisme du secteur des startups mobiles.

Même si ces dernières permettent aux utilisateurs de bénéficier de fonctionnalités manquantes, elles restent dépendantes des constructeurs, qui contrôlent les conditions d’accès à leur store et n’hésitent pas à privilégier leurs intérêts aux nôtres.

Pour revenir à la suggestion d’applications, certains ont peut-être encore en mémoire l’exemple d’AppGratis, l’application française aux 12 millions d’utilisateurs qui permettait de télécharger gratuitement chaque jour une application payante iOS : début 2013, Apple décide brutalement de la supprimer de son store, avant de proposer quelques mois plus tard sa propre version.

Projetez-vous maintenant au-delà des montres et des lunettes, dans un monde où nous aurons des voitures et des maisons connectées. Il y a fort à parier que ce qui est vrai pour les mobiles et les objets connectés le soit pour ces nouveaux marchés. Êtes-vous prêt à faire confiance à un unique environnement et une unique entreprise pour tout ça ?

Téléphone, tablette, montre et télé... c'est désormais à nos voitures qu'Apple s'intéresse de près.
Téléphone, tablette, montre et télé… c’est désormais à nos voitures qu’Apple s’intéresse de près.

Là aussi la démarche de SIOU offre une piste de réflexion. Les développeurs de la start-up ont conçu une application système qui coopère au maximum avec le code d’iOS et d’Android. Jean-Christophe Martin insiste sur leur travail : « On veut améliorer l’expérience de l’utilisateur, il ne faut pas qu’il soit perdu par rapport à l’interface dont il a l’habitude. Il faut aussi que l’application soit fiable et fonctionne pour tous les systèmes : au moindre bug, on perd la confiance de l’utilisateur. Et ça nous permet enfin de proposer une technologie modulable qui reconnaît et s’adapte automatiquement au système d’exploitation que vous utilisez. »

En plus d’iOS et d’Android, lLa start-up a ainsi misé sur Cyanogen, un système d’exploitation alternatif qui emprunte les éléments open source d’Android. « Le succès de Cyanogen tient au fait qu’il tire le meilleur de sa communauté de 85 000 ingénieurs et intègre petit à petit les fonctionnalités les plus optimisées » avance Jean-Christophe Martin.

Une alternative qui a déjà séduit près de 55 millions d’utilisateurs dans le monde, désireux de profiter des applications open source les plus innovantes sans être tributaire d’un environnement. Des téléphones commencent même à être développés sous ce système d’exploitation, comme l’anglais Wileyfox.

Même si les constructeurs phares sont conscients des limites des environnements fermés (Steve Wozniak, co-fondateur d’Apple, avait ainsi évoqué un temps l’intérêt d’un iPhone sous Android), on peut imaginer que l’essor des voitures et maisons connectées sera accompagné d’un mouvement open source similaire, à même d’offrir une alternative aux utilisateurs comme Jean-Christophe Martin, qui nous a confié être proche de quitter son iPhone pour un téléphone sous Cyanogen.

Journaliste, diplômé en économie et en histoire, j'ai fait mes classes au service sport du quotidien La Marseillaise avant de tomber dans le Web et l'actualité du numérique. Avec Snackable, je vais essayer de vous faire partager ce qui me passionne ou m'interpelle.

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