Quand on regarde nos amis les animaux, on se rend compte que la monogamie n’est pas vraiment le truc par défaut. Alors oui, y’a les oiseaux qui sont monogames à 95%… Mais voilà, nous, on est pas des piafs et sur toutes les espèces de mammifères, seulement 5% sont monogames(dont nous donc). Et puis même quand on pense au truc du point de vue de l’évolution, la monogamie pour l’homme semble totalement contre-productive : si le but de l’espèce est de perpétuer ses propres gènes, la meilleure solution (pour un homme tout du moins ), semblerait être de chercher à baiser à tous les râteliers, un comportement qui engendrerait plus de descendants conduisant donc de fait à démocratiser le gène du serial baiseur parmi les humains.
Seulement non, nous sommes monogames et c’est peut-être pas uniquement dû à la société alors essayons de voir comment la monogamie a pu se développer.
Bon déjà y’a un truc à savoir avant de commencer, on a beau s’imaginer comme des gens civilisés tout ça tout ça, mais en vrai on est juste des hommes préhistoriques déguisés et qui allons chez le coiffeur. L’être humain moderne est là depuis 200 000 ans et dans son parcours, il a plus passé de temps à être nomade et à chasser du mammouth qu’à conduire des voitures et à travailler dans des bureaux.
Tenez, pour que vous visualisiez la chose :
Du coup, comme on s’intéresse au début de la monogamie, ceux dont on va parler ressemblent à ça :
Alors pourquoi Pierre et Pierre auraient-ils besoin de passer leur vie ensemble et de se jurer fidélité ? On pourrait penser que la vie est trop courte pour ça quand, chaque jour, on peut mourir écrasé par un mammouth ou terrassé par un rhume fulgurant.
Pierre vient de Mars et Pierre de Vénus
Bon déjà Pierre et Pierre sont différents. Pierre, grâce à son pénis peut théoriquement transmettre ses gènes quand il veut et sans limitation, Pierre quant à elle doit s’engager, entre la grossesse et l’allaitement elle en a bien pour 2 grosses années (sans compter le temps nécessaire pour que le rejeton puisse se débrouiller tout seul).
Et rien que dans la conception pure il y a une différence :
Ce fait biologique plutôt évident est à l’origine du fameux proverbe « les hommes collectionnent, les femmes sélectionnent ».
Mais du coup, pour Pierre, la monogamie semble une évidence : comme elle doit s’occuper de son bébé, elle a tout logiquement intérêt à ce que son partenaire reste avec elle pour que le gars fasse sa part du taf.
Mais Pierre lui, en théorie il s’en fout. Sa meilleure stratégie serait de butiner le plus de fleurs possible et d’essaimer des petits et petites Pierre partout.
Et pourtant c’est plutôt l’inverse qui s’est produit et il existe trois théories pour expliquer ça :
Théorie 1 : S’assurer que c’est bien le sien
L’avantage quand on passe 9 mois à manger pour deux et à grossir avant de passer 13 heures à expulser un bébé par l’origine du monde, c’est qu’on est sûr que le bébé est le sien.
Pierre par contre n’a aucun moyen de vérifier que le bébé est bien de lui et il ne pourra certainement pas attendre 15 000 ans, le temps que l’on invente le test de paternité, pour en avoir le cœur net.
En plus comme si cela ne suffisait pas, l’être humain est l’une des rares espèces au monde dont la femelle ne montre aucun signe extérieur lorsqu’elle ovule, rendant la question de la paternité encore plus complexe à déterminer.
Et si vous vous demandez ce qu’est un « signe extérieur » d’ovulation, voilà à quoi ressemble une Babouine 14 jours après ses règles :
Sachant que l’homme du XXIème siècle, ne bitte déjà rien au cycle menstruel alors qu’il a Internet, des livres ou Allô docteurs sur France 5 pour se renseigner, imaginez Pierre qui n’a même pas encore inventé le fil à couper le beurre ! Il n’a aucun moyen de savoir.
Alors quelle peut être la stratégie de notre ami Pierre pour s’assurer que sa descendance soit bien sa descendance ?
Déjà si les femelles lui sont abondantes, il s’en fout, au pire il se reproduit avec le plus possible et statistiquement il va bien y en avoir qui seront à lui.
Mais s’il n’est pas un Don Juan, notre ami Pierre développe une nouvelle stratégie, il va rester avec sa partenaire et s’assurer concrètement qu’elle ne mélange pas ses gènes avec un autre mâle. Concrètement signifie, en gros, qu’il pétera la gueule à tous les autres mecs qui approchent.
Ainsi rester dans le coin est un excellent moyen de s’assurer que les enfants soient bien les siens. L’esprit de cette stratégie sera réutilisé dans le futur, et pour limiter encore plus les risques, on imposera que la femme soit vierge et en cas d’infidélité, on la punira bien plus sévèrement que son homologue masculin.
Théorie 2 : La théorie absolument perturbante
Cette deuxième théorie sur les origines de la monogamie est plutôt violente.
Je cherche une façon délicate de le dire… L’idée est que même si notre amie Pierre se retrouve toute seule pour s’occuper de son bébé, cela ne va pas empêcher d’autres mâles de la convoiter. Là où ça devient primaire c’est que ces derniers pourraient alors décider de tuer la descendance de Pierre afin de pouvoir « s’approprier » pleinement la femelle.
Une pratique choquante il est vrai, et c’est pourquoi notre ami Pierre, refusant une telle barbarie, peut décider de rester avec Pierre afin de l’aider à se défendre et à protéger leurs enfants.
Cette théorie est plutôt une extrapolation (d’observation réalisées chez les primates) . Il a été remarqué que dans la majorité des espèces, l’émergence de la monogamie était une stratégie pour prévenir les infanticides.
Théorie 3 : être un meilleur parti
Cette dernière théorie est tout à fait intéressante.
On a souvent évoqué que le mâle pouvait papillonner à droite à gauche. Cependant, la vie à la préhistoire n’était pas non plus une partouze géante et il serait excessif de croire que tous les mâles pouvaient chopper de la meuf à tour de bras. Certains étaient probablement bien plus alpha que d’autres :
Du coup, face à la beaugossitude de ces mâles alpha chevaucheurs de mammouth et serrant toutes les femelles, Pierre a dû faire valoir d’autres arguments :
Mais au final est-ce qu’on est vraiment monogames ?
Quand on regarde les sociétés à travers le monde, on se rend compte que 80% de nos sociétés autorisent la polygamie. En pratique bien sûr, tout le monde n’y est pas polygame (mathématiquement ça serait difficile) et il s’agit bien de polygynie (plusieurs femmes) dans la quasi totalité des cas. Le seul endroit aujourd’hui où existe la polyandrie (une femme et plusieurs hommes) est le Bouthan où là-bas, il peut arriver qu’une femme épouse plusieurs frères et vivent ensemble (l’inverse existe aussi bien sûr). Le but est d’assurer la conservation du patrimoine au sein de la famille. C’est aussi ce qui explique la monogamie qui est pendant des siècles le seul moyen de s’assurer que son héritier est bien le sien, comme on le disait dans notre article sur le mariage gay. Mais au Bouthan ça doit engranger des situations assez gênantes lors des dîners de famille.
Merci pour vos articles, je m’enjaille à chaque lecture
Cordialement, Jean-louis